Définition de GARANT, ANTE
Prononciation : ga-ran, ran-t'
DÉFINITIONS
1
Celui, celle qui répond de son propre fait, ou du fait d'autrui. Tout homme est garant de ses faits et promesses.Mais n'étant point garant des sottises d'autrui
de Abbé Mathurin RÉGNIER dans Sat. x.
Vous me serez garant des hasards de la guerre
de Pierre CORNEILLE dans Héracl. v, 3
Me seras-tu garant de ce qu'il pourra faire ?
de Pierre CORNEILLE dans Nicom. II, 1
Madame, vous voyez, je ne puis davantage ; Et qui fait ce qu'il peut n'est plus garant de rien
de Pierre CORNEILLE dans Agésilas, IV, 1
Des moyens dont ils se rendront les garants
de Blaise PASCAL dans Prov. 5
Mais, puisque sans vouloir que je le justifie, Vous me rendez garant du reste de sa vie
de Jean RACINE dans Brit. I, 2
Pour garants de la vérité Comptons les raisons, non les hommes
de LA MOTTE dans Fabl. v, 15
Permettez-moi de penser que, si la fortune vous était entièrement contraire, vous trouveriez une ressource dans la France, garante de tant de traités
Messène en est témoin, les dieux en sont garants
Nature : Adj.
Lorsque Philippe Auguste conclut la paix en 1200 avec Jean, roi d'Angleterre, les principaux barons de France et ceux de Normandie en jurèrent l'observation comme cautions, comme parties garantes
Sémantique : Fig. et familièrement. Je vous suis garant, je vous suis garante que cela est vrai, je vous l'assure, je vous en réponds.
Moi, je lui couperais sur-le-champ les oreilles, S'il n'était pas garant de tout ce qu'il m'a dit
2
Sémantique : Terme de jurisprudence. Celui, celle qui est caution d'un autre, qui répond de sa dette. Être garant d'une dette, d'une obligation. Cette marchande s'est rendue garante.On dit d'un créancier qu'il a un bon, un mauvais garant. Prendre pour garant.
3
Celui, celle qui est obligée de faire jouir un autre de la chose qu'il lui a vendue ou transportée. Le vendeur est garant, envers l'acquéreur, de la propriété de la chose vendue.Garant formel, celui qui, en matière réelle et hypothécaire, est obligé de faire jouir le garanti.
4
Sémantique : Fig. Auteur dont on a tiré un fait, un principe. Il cite pour garante Mme de Sévigné.Les seuls garants que nous ayons ici de l'histoire de la philosophie, les Arabes et les Grecs, ne sont pas d'une autorité aussi solide et aussi pure qu'une critique sévère le désirerait
Personne de qui on tient une nouvelle. Cette nouvelle paraît étrange, mais j'ai de bons garants. Cette dame est ma garante.
5
En parlant des choses, sûreté, garantie.De ce titre odieux mes droits me sont garants
de Jean RACINE dans Théb. II, 3
Il est mort ; et j'en ai pour garants trop certains Son courage et son nom trop suspects aux Romains
de Jean RACINE dans Mithr. v, 1
Les ouvrages bien écrits seront les seuls qui passeront à la postérité ; la quantité des connaissances, la singularité des faits, la nouveauté même des découvertes ne sont pas de sûrs garants de l'immortalité
de Georges Louis Leclerc, comte de BUFFON dans Disc. de réception.
Il éprouva que la cruauté n'est pas le meilleur garant de la domination
En cet emploi, garant est toujours masculin, et ne se met pas au féminin.
6
Sémantique : Terme de marine. Bout d'un cordage passé par une poulie pour servir à quelque amarrage.Mollir, filer en garant, lâcher un cordage doucement.
7
À garant, Nature : loc. adv. En garantie.Sans prendre ni Phébus, ni la muse à garant
de Abbé Mathurin RÉGNIER dans Sat. VI
Elle [la fortune] est prise à garant de toutes aventures
de Jean de LA FONTAINE dans Fabl. v, 11
Dans cette locution, à garant est toujours masculin, et ordinairement invariable.
Cependant quelques auteurs le mettent au pluriel, et en effet rien ne s'y oppose : Dès qu'il [Jurieu] a ouï parler des Variations, il a cru tout perdu pour la réforme ; il a appelé tous les Pères à garants....
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans 6e avert. 1
REMARQUE
1
Ce mot présente quelques difficultés ; en effet il est d'une part primitivement substantif à deux genres et par suite adjectif ; d'autre part substantif à un seul genre, le genre masculin. Dans ces phrases de Marivaux et d'Imbert : Que vous importe ce que vous direz à la fille, dès que la mère sera votre garant ? , MARIVAUX, Fausse confid. I, 11 ; Le chevalier : Voilà tous mes succès. - La comtesse : Attendez jusqu'au bout ; D'avance je vous suis garant de sa tendresse, IMBERT, Jaloux sans amour, I, 5 ; si l'on prend garant au sens de disposé à cautionner, il y a faute, et il faut dire : garante ; mais, si l'on prend garant au sens de garantie, sûreté, la locution est correcte. Les deux locutions ne sont pas tout à fait synonymes, et il y a une nuance. Inversement, dans cette phrase de Marivaux : Il n'y a pas jusqu'à leur physionomie qui ne soit garante de toutes les bonnes qualités qu'on leur trouve, Jeux de l'am. et du has. I, 1 ; si l'on prend ce mot dans le sens de garantie, il y a faute, et on mettra garant ; mais, si on le prend figurément pour capable de cautionner, le féminin deviendra acceptable.HISTORIQUE
1
XIe s.J'i puis aler, mais n'a aurai guarant
dans Ch. de Rol. XXIV
Se Mahomet me velt estre garant
dans ib. LXVII
Mais d'une chose vous sui je bien guarant
dans ib. CXIV
Dient Franceis : bien fiert nostre guarent [défenseur]
dans ib. CXXIII
2
XIIe s.Escu ne broigne [cuirasse] ne lui furent garant
dans Ronc. p. 77
Qu'il [Dieu] gart les ames et qu'il lor soit garant
dans ib. p. 112
Qui d'oïr et d'entendre a loisir et talent, Fasse pais, si escout bone chançon vaillant, Dont li livre d'istoire sont tesmoin et garant
dans Sax. I
À guarant [pour se garantir] as cors sainz le voleient mener
dans Th. le mart. 147
3
XIIIe s.Et por chou [ce] vuet il dire et traitier aucune chose dont il ait garant et tesmoignage de verité
de H. DE VALENC. dans 1
N'onque nule si plesant rien Qui fame fust, [il] n'avoit veüe, Ce dist et s'en trait sa veüe à garant qu'il dist verité
dans Lai de l'ombre
Si en puis bien trere à garant Ung acteur [auteur] qui ot non Macrobes
dans la Rose, 6
Se cil qui est pris à tout [avec] le larrecin pot trouver son garant qui li bailla, il est delivrés
de Philippe de BEAUMANOIR dans XXXI, 4
Et se tex [telles] crois portoient garant, aussi bien porroit porter garant une crois que aucuns porteroit sur li
de Philippe de BEAUMANOIR dans XXV, 24
4
XVe s.Si tost que le plat pays fust informé de leur venue, tous se retrairent à garant
de Jean FROISSART dans II, III, 113
5
XVIe s.Nous pouvons appeler à garant cette mesme nature, pour nous avoir laissez en telle imperfection
de Michel de MONTAIGNE dans I, 55
Pour que son innocence luy servist de garant et de recommandation envers la faveur divine
de Michel de MONTAIGNE dans I, 274
Plusieurs appellerent la mort à garant contre les oultrages des tyrans
de Michel de MONTAIGNE dans II, 34
Qui tire à garant [oppose recours ou garantie sur un tiers], et garant n'a, sa cause perdue a
de Antoine LOYSEL dans 699
En crime n'y a point de garant [celui qui a commis un crime à la suggestion d'autrui n'en est pas moins punissable]
de Antoine LOYSEL dans 797
Montesquiou vint au derriere du prince de Condé et le tua d'un coup de pistolet entre ses deux garants
Le sang est le garant de l'homme qui se plaint d'avoir esté navré à tort
de LAURIÈRE dans Gloss. de droit fr.
ÉTYMOLOGIE
1
Prov. garen, guaren, guiren ; espagn. et portug. garente ; anc. ital. guarento ; angl. warrant ; bas-lat. warens ; du germanique : anc. frison, werand, warend ; de l'anc. haut-allem. werên, fournir, cautionner.